lundi 8 juin 2015

Jeux vidéo, tablettes numériques... comment gérer le tout ?

Dans notre blogue précédent, nous avons vu les différents stades de développement de l'enfant. À chaque âge les besoins sont différents. Plusieurs parents se questionnent sur la gestion du temps passé à jouer à des jeux vidéo. Voici quelques pistes de solutions.

LES JEUX VIDEO, LES TABLETTES NUMÉRIQUES ET CIE
«3-6-9-12, cela évoque bien sûr quatre étapes essentielles de l’enfance : 3 ans, c’est l’admission en maternelle; 6 ans, l’entrée en CP; 9 ans, l’accès à la maîtrise de la lecture et de l’écriture; et 11-12 ans le passage au collège. Mais ce sont aussi d’excellents repères pour savoir à quel âge et comment introduire les différents écrans dans la vie de nos enfants….introduisons les au bon moment et à leur juste place ». C’est ainsi que commence Torisson  dans son petit livre très intéressant qui résume sa pensée en matière de recommandations sur l’utilisation d’outils numériques.

Quant à moi, je n’ai pas d’idées préconçues sur l’usage des écrans ou des techniques numériques, sur l’âge auquel ils peuvent être introduits, sur le temps optimal que l’enfant peut y consacrer. En fait, je suis plutôt favorable à leur utilisation, car je constate que l’enfant peut y apprendre une foule de choses extrêmement intéressantes et pertinentes pour lui dans la société dans laquelle il évolue. Je n’aurai des restrictions que lorsque je constaterai que ça nuit à sa santé psychique ou même à sa santé physique éventuellement (si l’enfant néglige par exemple toute activité physique au profit des activités suggérées par les seuls écrans). En toutes choses, la mesure a bien meilleur goût.

L’impact positif ou négatif des écrans dépend vraiment de la nature de l’enfant. Pour certains, ils constitueront éventuellement une plateforme qui pourra les propulser vers une carrière, pour d’autres, ils engendreront une addiction dont ils auront du mal à se départir. Ces deux cas de figures sont rares. Entre les deux positions, tous les possibles.

Si un parent me consulte pour savoir ce que je pense de l’utilisation que fait son jeune des jeux vidéo ou des techniques numériques, mes recommandations ne viendront qu’après avoir analysé le terreau dans lequel s’incarne le questionnement. J’envisagerai tant les valeurs familiales que les besoins et les motivations du jeune; j’explorerai l’impact ou les impacts de l’utilisation des écrans dans la vie familiale ou dans la vie personnelle de l’enfant; une baisse de notes dans son rendement scolaire par exemple constitue une bonne raison de restreindre l’utilisation des jeux vidéo et des techniques numériques. Je considérerai l’isolement social généré par l’utilisation que le jeune en fait (ne s’intéresse qu’aux jeux vidéo et néglige sa vie sociale ou se sert du jeu vidéo pour fuir la réalité et se réfugier hors de son environnement social). Par contre, au contraire, le jeu vidéo pourrait constituer une plateforme idéale pour se construire un réseau social qu’il serait incapable de se créer de lui-même (je pense ici à un jeune autiste par exemple qui a peu d’attraits pour les relations interpersonnelles mais beaucoup pour les jeux numériques). J’examinerai si le jeune ne se sent pas plutôt exclu socialement, précisément du fait que tous ses amis jouent à ce jeu auquel il n’a pas accès, parce que ses parents s’y opposent en raison parfois d’idées préconçues qu’ils se font d’un univers qu’il ne comprennent pas tout à fait; j’inviterai alors ces parents à se familiariser avec le dit jeu, puis demander l’avis de ceux qui le permettent à leur enfant avant de l’interdire à son enfant.

«Jouer à des jeux vidéo sur des courtes périodes quotidiennes aurait un impact positif sur le développement des enfants» nous dit Elena Bizzotto  qui rapporte une étude publiée par la revue Pediatrics. Les scientifiques de l'université d'Oxford expliquent avoir analysé une cohorte de près de 5 000 jeunes âgés de 10 à 15 ans. Parmi ces volontaires, près de 75% ont déclaré qu'ils jouaient tous les jours à des jeux vidéo. Les données ont été combinées afin d'évaluer les niveaux d'adaptation psychologique et sociale de ces enfants et adolescents consommateurs de ces jeux, en les comparant à ceux qui ne jouent pas du tout aux jeux vidéo. Les résultats portent à croire que les jeunes qui passent moins d'une heure par jour à jouer sont plus satisfaits de leur vie et montrent des niveaux plus élevés d'interactions sociales positives. Ces joueurs ont eu également moins de problèmes émotionnels et présentent des niveaux d'hyperactivité plus bas que les autres. Ceux qui jouent plus de trois heures, au contraire, semblent être les moins bien adaptés, d'après cette étude. J’ajouterai même que si l’enfant ne joue pas du tout à ces jeux électroniques risquent d’être déphasés par rapport à leur génération qui en use largement.

On trouve d’autres bons côtés à ces jeux vidéo. Katia Gagnon  rapporte que selon une étude canadienne, World of Wardcraft, comme d'autres jeux vidéo du même genre, a permis à ses adeptes de développer des compétences qui pourraient leur être ensuite utiles dans la vie réelle. Douze (12) jeunes, qui avaient entre 13 et 16 ans au début du projet, ont été suivi durant plusieurs années, jusqu’à l'âge adulte. Ces jeunes adultes avaient acquis de nombreuses compétences en jouant. Il y avait réellement eu un transfert de compétences de leur vie virtuelle à leur vie réelle. Jouer en équipe, permet d'apprendre à négocier, à collaborer. Il leur faut identifier les forces de chacun. Jouer à ces jeux développe aussi des compétences indéniables en matière de leadership. Dans le jeu Guild Wars, par exemple, les participants doivent bâtir un clan. Ils vivent des conflits. Ils doivent prendre des décisions morales et éthiques. Ils en sortent avec le goût de devenir des citoyens plus actifs.

En bref, on devrait chercher à utiliser les jeux vidéo plutôt que de les bannir. Comme parents, on pourra consulter une classification par âges qui garantit un étiquetage clair des contenus. Pour le jeu vidéo en particulier, plusieurs systèmes existent dans le monde principalement pour aider à faire un choix de jeux en fonction par exemple de l'âge du joueur. C'est surtout un moyen de protection des mineurs, destiné aux parents désireux d'acheter un jeu vidéo en toute confiance.

On pourra ensuite se faire une idée en lisant sur les avantages et les désavantages de ces jeux; on pourra alors prendre une décision éclairée puis on établira des règles claires d’utilisation pour notre jeune, selon les valeurs auxquelles nous croyons et que nous voulons transmettre.

Ce texte est tiré du livre de madame Francine Lussier, neuropsychologue 
Mon enfant est difficile, concrètement que faire?


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