dimanche 22 mars 2015

L’haurtografe ou l’orthographe

Le processus d’acquisition de l’orthographe des mots implique la mise en oeuvre de plusieurs stratégies. Quelles sont-elles? Puis-je les mettre en application dans ma classe? 

Deux sortes d’orthographes sont fréquemment utilisées à l’école: orthographe d’usage et celle grammaticale. Cette dernière est bien travaillée en classe avec le code de correction, avec les exercices sur les accords du pluriel des noms, l’accord des verbes, le féminin, les homophones… Toutefois, qu’en est-il de l’orthographe d’usage ? Mise à part la vérification dans le dictionnaire, quel moyen les élèves ont-ils pour travailler l’orthographe lexicale? 

Trop souvent, l’orthographe d’usage est un apprentissage fait à la maison par le biais de l’étude de la liste des mots de vocabulaire qui, néanmoins, serait plus juste d’appeler « la liste des mots d’orthographe », puisque le terme « mots de vocabulaire » fait davantage référence à des mots utilisés à l’oral. Travailler les mots d’orthographe en classe pourrait prendre la forme d’un enseignement explicite. Par exemple en mettant en évidence les lettres doubles avec une couleur (ex.: appeler), les difficultés à l’intérieur des mots d’une autre couleur (ex.: mitaine), expliquant les dominances orthographiques: les mots et les surtout les verbes qui commencent par le son”an” s’écrivent généralement “en” (ex.: entrer). 

« Ça s’écrit comme ça se prononce », est-ce un bon conseil? La connaissance des correspondances entre le phonème et le graphème est déterminante certes, mais seulement pour les graphies qui n’ont qu’une façon d’écrire le son. Ce qui n’est pas le cas de pour le son « o », « an », « in » ou même les lettres muettes. Cela complexifie drôlement l’orthographe et nécessite un enseignement explicite pour guider les élèves dans le choix de la graphie. Par exemple, la maison du son « o » (adaptation de la maison des sons de la planète des alphas de Claude Huguenin) peut avoir plusieurs invités « au », « eau », mais ils prennent des places bien différentes autour de la table. Par exemple, « eau » s’assoit souvent à la fin du mot. 

Voilà un exemple d’enseignement explicite de la dominance orthographique qui est utilisé dans certaines écoles et qui est souvent élaboré avec la participation des enseignantes, orthophoniste et orthopédagogue afin de faciliter la mémorisation des régularités et de leur compréhension. 

Par ailleurs, le développement de la conscience morphologique chez l’élève constitue un autre élément incontournable pour conjuguer réussite et orthographe lexicale. En effet, Marec-Breton confirme dans la revue Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l'Enfant,  A.N.A.E, 2010 que la conscience morphologique se développe facilement vers la 3e année et qu’elle contribue à l’amélioration de la lecture et de l’orthographe. Effectivement, lorsque l’écolier prend conscience de la structure des mots en apprenant et en analysant les formes de préfixes, de suffixes et de mots dérivés (de la même famille), il gagne au niveau de l’espace cognitif puisqu’il rend la mémorisation des mots plus sensée. 

L’étude de ces petites unités de sens influence le développement du vocabulaire oral et écrit (Chapleau, Laplante et Brodeur, AQEP vivre le primaire, volume 24, numéro 4, automne 2011). Prenons les exemples suivants: Antoine sourit en comprenant qu’avec le mot dent, il sait maintenant comment écrire édenté!  Karina comprend enfin pourquoi on s’amuse à ajouter des lettres muettes en constatant que dos vient de dossard  ou que front découle de  frontal ou “maisonnette” plutôt que “maisonnète”, car le morpheme “ette” signifie un diminutif. Oui Karina, la langue française est capricieuse, mais pas autant que tu le redoutais… Selon Francoise Estienne, orthophoniste : « Il faut comprendre que l’orthographe se présente comme un système cohérent que l’on peut s’approprier en devenant conscient qu’il y a une raison pour que chaque mot s’écrive comme il s’écrit. » (Dysorthographie et dysgraphie 285 exercices, comprendre, évaluer, remédier, s’entrainer 2006). 

Pour bien des élèves, lorsqu’ils peuvent rendre concret leurs apprentissages plutôt qu’apprendre par cœur des mots isolés, la récupération de l’orthographe se fait beaucoup plus facilement. Enfin, si vous souhaitez vous inscrire dans une telle démarche ou peaufiner celle que vous avez déjà entamée, certains outils pourraient vous inspirer, en voici donc quelques exemples…

Livres:
-Bescherelle l’orthographique pour tous (Éditions Hatier)
-Scenarios pour mieux écrire les mots (Éditions Chenelière )
-Découvrons l’orthographe (Éditions la pensée )

Jeux :
-20/20 en orthographe (Éditions club Pom)
-Orthographivore (Éditions Passe-Temps)
-Dictée Montessorie (pour tablette ex. : iPad)
-Mécamot (Ortho éditions )
-Transformation (Éditions Scolarteck)
- atelier.on.ca (exercices pour travailler le vocabulaire)


Andréanne Dufresne-Pitre, orthopédagogue à l’école Saint-Joseph (1985) inc.
Annie lussier, orthopédagogue et conférencière au CENOP

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Nous aimerions connaître vos réactions et commentaires face aux messages que nous publions.

Blogue par CENOP FL. Fourni par Blogger.

Membres