dimanche 9 août 2015

La dyscalculie, c'est plus que de ne pas être bon en maths

La dyscalculie, par Eliane Chevrier, Ph.D
Neuropsychologue et propriétaire-associée au CENOP

Lorsqu’on aborde les mathématiques avec les parents, ils font souvent une remarque comme quoi « C’est tellement compliqué les maths! ». Et ils ont en partie raison. Pour réussir en mathématiques, il faut savoir compter, calculer, mesurer, comparer, raisonner, expliquer, déduire, intégrer,… Plusieurs enfants, dans leur carrière d’élève puis d’étudiant, auront un jour ou l’autre des difficultés avec un aspect des mathématiques. Pour d’autres, dès le début de leurs apprentissages, ils auront du mal à saisir le sens du nombre. Ils traîneront les mathématiques comme un boulet et ne sauront comment pallier leurs difficultés. Et ils deviendront peut-être anxieux. Parfois, même les enseignants et les orthopédagogues ne sauront comment les aider. Peut-être sont-ils dyscalculiques? Comment le sait-on? Qui peut nous aider? Qu’est-ce que la dyscalculie?

La Dyscalculie : Définition
À ce jour, il n’existe pas de définition consensuelle de ce qu’est la dyscalculie, certains utilisant le terme trouble du calcul, d’autres troubles spécifiques de l’arithmétique ou encore trouble spécifique d’apprentissages des mathématiques. Néanmoins, chercheurs et cliniciens s’entendent pour dire que la dyscalculie est un trouble neurodéveloppemental, c’est-à-dire d’origine biologique. Cela signifie qu’elle serait conséquente à un dysfonctionnement de certaines régions du cerveau. Les dernières études pointent le cortex pariétal comme étant le « siège » de la conscience des nombres.

Des recherches récentes montrent qu’une altération du fonctionnement de certaines zones du cortex pariétal empêcherait le développement du sens du nombre et génèrerait un déficit spécifique du traitement numérique. Le sens du nombre est une capacité qui se développerait de façon innée. Le sens du nombre nous permet de savoir qu’une quantité est plus grande qu’une autre. Il s’agit de la capacité de comparer des nombres entre eux pour décider, très rapidement, lequel est le plus grand des deux. Cela nous permet de situer des chiffres sur une droite numérique, réelle ou imaginaire.

Pour plusieurs auteurs, ces atteintes 1) du sens du nombre et 2) du traitement numérique entraînent la dyscalculie. La dyscalculie est caractérisée par une difficulté à apprendre les faits arithmétiques, à les rappeler et à calculer. La plupart des enfants dyscalculiques éprouvent de sévères difficultés à appliquer les procédures de calcul et utilisent de mauvaises stratégies en résolution de problèmes.

Prévalence
On estime qu’il y aurait entre 3% et 8% des enfants qui seraient dyscalculiques, la proportion variant selon les critères diagnostiques utilisés.

La Dyscalculie est un Trouble spécifique d’apprentissage, ce n’est pas un retard
Tout au long de sa vie, une personne, enfant ou adulte, peut vivre une difficulté ou un retard d’apprentissage. Il s’agit d’une période transitoire où l’on éprouve des difficultés à comprendre ou mémoriser de nouveaux apprentissages et à obtenir de bons résultats. La source de la difficulté peut être environnementale (problèmes familiaux, conflits avec les pairs, évènement bouleversant, période de stress, etc.) ou reliée à une notion particulière à l’étude. Par exemple, un étudiant réussit en calcul et en géométrie, mais ne parvient pas à comprendre les fractions. Ce retard ponctuel dans les apprentissages s’estompe avec le temps. Il se peut tout de même qu’il faille mettre plus de temps, plus d’étude ou qu’il faille offrir du soutien particulier pour surmonter une difficulté d’apprentissage (tuteur, aide aux devoirs, orthopédagogue, etc.).

Lorsqu’on parle d’un trouble d’apprentissage spécifique, comme la dyscalculie, il s’agit d’une atteinte permanente d’origine neurologique. On dit « permanente » parce que, bien que la sévérité du trouble puisse s’amenuiser avec le temps, les problèmes ne disparaîtront pas, même si de la rééducation spécialisée est offerte, par exemple en orthopédagogie. On dit d’ailleurs qu’un trouble d’apprentissage est résistant aux interventions. Les manifestations de la dyscalculie varieront au fil des ans. Certaines difficultés finiront par s’estomper (par exemple, les problèmes de comptage ou les erreurs de dictée de nombres), mais immanquablement, elles feront place à d’autres problèmes en mathématiques (par exemple en calcul mental, pour arrondir des nombres ou estimer des quantités).

Conséquemment, les jeunes souffrant de dyscalculie ont du mal à utiliser les nombres dans leur quotidien : suivre une recette en respectant les quantités, calculer à quelle heure partir pour ne pas manquer l’autobus, découper la bonne grandeur de papier pour emballer un cadeau, estimer la monnaie qui devrait nous être rendue, etc. Ils apprendront à compter et à calculer mais ce sera toujours au prix d’un effort considérable, d’un temps d’exécution plus long qu’attendu et ils commettront des erreurs; c’est ce qu’on observe chez les adolescents dyscalculiques.

Dans un prochain blogue, nous verrons plus en détail les manifestations de la dyscalculie.

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